Think global, act local

The Covid crisis has put the finger on the problem of the value chain. The challenge is to better understand the different ecosystems and to identify possible gaps.
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In this episode, we show how companies have kept their heads above water and why it is important to stay competitive and accelerate development in the field of digitalization, in conversation with Caroline Muller and Rémy Grizard from Luxinnovation, professors Benny Mantin and Francesco Ferrero, as well as with IEE CEO Paul Schockmel and Santé Services director Michel Schuetz

Listen to the podcast.

Santé Services a monté une chaîne de fabrication de masques pendant la pandémie, dont certains dits «virucides». Son directeur, Michel Schuetz, revient sur cette initiative rimant avec innovation locale.

 

Comment votre définition de l’innovation a-t-elle évolué avec la crise?

Michel Schuetz. – «Il y a l’innovation graduelle: les améliorations des processus existants. Et celle disruptive, qui change fondamentalement la donne. Avant, nous étions toujours à la recherche des deux. Pendant la crise, la nécessité devient la mère de l’innovation. Dans des situations de grave pénurie, auxquelles nous n’avions jamais été confrontés, il a fallu être créatif. Tout le monde manquait de gel, nous avons étudié comment en produire. Ce n’est peut-être pas innovant en soi, mais ça l’est pour un hôpital qui se fiait à 100% à ses fournisseurs.

Puis il y a eu les masques, dont ceux virucides. Comment s’est passée la collaboration avec Molecular Plasma Group (MPG), qui fournit les machines?

«J’ai lu une interview de Marc Jacobs, CEO de MPG, qui émettait l’idée d’utiliser sa technologie pour créer des barrières virucides sur les masques. J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé cet homme que je ne connaissais pas avant. J’avais les masques; lui, la technologie. Nous avons développé la technologie, conçu le produit et nous l’avons fait enregistrer comme dispositif médical en 11 mois.

Comment assurer une production industrielle de masques en Europe, concurrencée par les produits asiatiques, à faible coût?

«Je paie des charges au niveau local, donc il est clair que sur les coûts, je ne peux me comparer à des Indiens ou des Chinois. Même chose pour les matières premières qui, chez nous, viennent d’Europe, sinon cela ne réglerait pas la question de la dépendance. Si un producteur européen ou luxembourgeois avait une chance de remporter un marché public, nous nous en sortirions bien. Nous avons essayé à plusieurs reprises, sans succès, parce que l’État regarde le prix. Les masques que nous proposons à 16 centimes (30 sur le site de Letzshop en date de l’interview, le 12 novembre 2021, ndlr) n’ont aucune chance par rapport aux chinois à 6 centimes. Peut-être que le prix est plus élevé, mais si on regarde la valeur ajoutée au système circulaire de l’économie, je suis sûr qu’il y a un gros avantage à se fournir localement. Car je paie des salaires, des taxes, un loyer, un imprimeur luxembourgeois, qui lui-même occupe des gens.

Vous avez investi 677.000 euros rien que pour la machine à masques chirurgicaux et celle à masques FFP2, pris en charge à 80% par des aides de l’État. La production est-elle rentable?

«Nous n’avons jamais gagné un sou sur les près de 13 millions de masques produits. Nous enregistrons même une perte de près de 150.000 euros. Mais c’est la chose à faire. Notre maison mère est une fondation avec une vocation de santé publique, elle est prête à absorber cette perte. Je n’ai pas la même pression qu’un acteur 100% économique.

Cette activité se poursuivra-t-elle après la crise?

«Nous estimons quand même le besoin hors crise à plus de cinq millions de masques par an en provenance des hôpitaux, dentistes, professionnels de santé, vétérinaires… Je suis convaincu qu’on parlera encore longtemps des masques. En Asie, avant la crise, les gens portaient des masques. Est-ce que ce modèle se transposera en Europe? Je ne pense pas. Mais les choses ont changé dans la tête des gens, et il ne va pas disparaître. Est-ce qu’on a eu une vague de grippe en 2020? Non, parce que tout le monde portait le masque. Et a appris à se laver les mains.

MPG s’est associé à d’autres entreprises et prévoit même l’utilisation de son produit virucide sur d’autres surfaces que les masques. Avez-vous aussi d’autres débouchés?

«Nous avons une liste de projets. Par exemple, remplacer les systèmes de filtration des salles d’opération par des filtres virucides. On pourrait imaginer la même chose sur les blouses jetables.

À quel point ces idées sont-elles avancées?

«Une chose après l’autre. Nous en sommes à la mise à l’échelle industrielle pour les masques virucides.

En dehors des masques, comment la crise a-t-elle touché vos activités traditionnelles?

«Nous produisons des repas pour les hôpitaux. Pendant plusieurs mois, ils ont été fermés (aux opérations non prioritaires, ndlr). Nous avons considérablement souffert.

Sont-elles revenues à la normale?

«Depuis septembre, l’hôpital est plein, en raison des opérations décalées pendant la crise. Au niveau de l’activité, c’est peut-être revenu à la normale, mais dans la tête des gens, je ne pense pas. Beaucoup considèrent l’hôpital comme un nid où on risque de choper le Covid.

En plus des masques, comment avez-vous comblé le manque à gagner, pour atteindre 20,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020, contre 13,9 millions en 2019?

«Nos fournisseurs habituels nous ont laissé tomber, nous avons commencé à nous approvisionner nous-mêmes et à le faire pour d’autres acteurs. En créant notre business MedLogistics, qui fait du trading de différents articles. Santé Services a aussi été un sous-traitant des Laboratoires Réunis dans le large scale testing.

Avez-vous dû embaucher de nouvelles personnes?

«Nous avons créé 12 emplois à temps plein. Nous comptons entre 65 et 70 employés.

Doit-on reconsidérer les moyens à attribuer au secteur hospitalier?

«Quand vous êtes infirmier, vous portez pantalon et blouse plus un costume en Tyvek, des gants, des bottes, un masque FFP2, des lunettes de sécurité et un bonnet, pendant 12 heures. Vous devez retourner toutes les quatre heures des patients qui font parfois le double de votre poids. Au début de la crise, on a applaudi les infirmiers, ce n’est plus le cas et je trouve cela malheureux. Les hôpitaux ont besoin d’aide. Ils ont perdu de l’argent pendant la crise.

Quelles leçons en tirez-vous?

«Dans une crise, il n’y a pas de place pour l’égoïsme. Le Luxembourg est trop petit pour que les quatre hôpitaux ne travaillent pas ensemble. Il faut aussi du leadership, prendre des décisions, et vite. On a pu voir que tout le monde a son rôle à jouer, du directeur à l’agent d’entretien. La leçon la plus importante, c’est notre dépendance à l’Asie. Nous avons créé un système où on pousse tout vers des pays à bas coût et faible qualité. Moi-même, j’en fais partie, j’ai construit trois usines en Chine. J’essaie aujourd’hui de ramener une production au Luxembourg. Je ne dis pas de repartir 100% en arrière, mais il y a des choses pour lesquelles nous sommes trop dépendants.

Quels sont vos projets pour 2022?

«Nous allons lancer, avec un partenaire, un laboratoire de certification luxembourgeois. Nous sommes également en train de mettre en place un système utilisant la technologie de la blockchain pour vérifier l’authenticité des certificats ou des laboratoires.»

Cette interview a été rédigée par Mathilde Obert pour l’édition magazine de Paperjam du mois de janvier 2022  parue le 16 décembre 2021.

So Graphiste pour son esprit de solidarité, Michel Greco pour sa résilience, BDO Luxembourg pour sa digitalisation, Santé Services pour son innovation: voici les quatre lauréats récompensés jeudi lors de la soirée de gala des Paperjam Recovery Awards.

C’est à l’Athénée de Luxembourg, dans le cadre d’une soirée de gala en présence du ministre de l’Économie,  Franz Fayot (LSAP), et de nombreuses autres personnalités, que le jury des Paperjam Recovery Awards a distribué ses récompenses. Composé d’Emmanuel Gay (Resultance), de Laurent Lucius (House of Entrepreneurship), de Nobby Brausch (Spuerkeess) et de Barbara Grau (Luxinnovation), sa présidente, il a effectué son choix parmi  16 nominés – quatre par catégorie – qui avaient été sélectionnés parmi les 52 candidatures reçues .

Et pour cette première édition, les gagnants sont…

So Graphiste, dans la catégorie Solidarité

Il était une fois, un petit caméléon nommé Léon. Puis, «l’histoire s’enchaîne». Tel est le nom que la petite agence de communication (deux personnes à temps plein, une en alternance) a donné à son livre pour enfants. Tout a commencé en plein confinement avec une scène qu’elle a écrite et illustrée, puis publiée sur son compte Facebook. Les internautes ont imaginé la suite, que l’entreprise d’Esch-sur-Alzette a illustrée. Jusqu’à réaliser une histoire complète, éditée en livre pour enfants. Un investissement de 15.000 euros est alors consenti par l’agence, née en 2016 et qui a réalisé 285.043 euros de chiffre d’affaires global en 2020, pour éditer l’histoire. Le bénéfice de 3.078 euros, récoltés via la vente du livre, a été remis à l’association Natur&Ëmwelt en mars 2021. L’entreprise a poursuivi son élan et publié le tome 2, dont les bénéfices seront cette fois remis à l’association SOS Villages d’Enfants Monde. Elle songe désormais à un tome 3.

Michel Greco, dans la catégorie Résilience

Depuis 1987, l’entreprise luxembourgeoise de transport en a vu passer, des crises. La dernière, liée au Covid-19, l’a forcée à se réorganiser. Au lieu de livrer les clients en entreprise, elle a dû mettre en place de nouvelles tournées dans tout le pays, pour se rendre à leur domicile. Elle s’est adaptée à la demande en produits frais en créant son service Fresh. Il a nécessité l’acquisition d’une dizaine de camions frigorifiques et d’une unité réfrigérée pour le stockage, pour un investissement «supérieur à 100.000 euros». Elle a réalisé toutes les livraisons de Letzshop et celles en masques ou en tests antigéniques au ministère de la Santé. Passant à un service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, alors que la société de 300 salariés avait l’habitude de travailler entre 6h et 19h. Elle a embauché une quinzaine de personnes, toujours en poste. Et pour répondre à la demande des clients, la société aux 16 millions d’euros de chiffre d’affaires a mis en place un outil de tracking permettant de suivre son colis. Il a coûté «plusieurs dizaines de milliers d’euros».

BDO Luxembourg, dans la catégorie Digitalisation

Le cabinet d’expertise-comptable et d’audit se devait de poursuivre le service aux clients pendant la crise. La solution: le digital. Des chantiers étaient déjà en cours dans ce domaine, mais le Covid-19 les a accélérés. Du jour au lendemain, les échanges de documents avec les clients se sont faits via sa plateforme de collaboration numérique. Les salariés se sont mis à la signature électronique. BDO a également profité de la crise pour digitaliser certains processus de production au niveau des métiers. Le cabinet a, par exemple, acquis des outils pour la réconciliation automatique des écritures du grand-livre avec les facteurs ou extraits bancaires, ou encore pour l’automatisation des services de TVA. Le budget dédié tourne autour de 2 millions d’euros pour l’entreprise de 500 salariés. Vieille de 71 ans, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 60,2 millions d’euros en 2020. Et travaille encore au déploiement d’une solution de gestion documentaire par laquelle tous les documents entrants seront sauvegardés et classés.

Santé Services, dans la catégorie Innovation

Sans les pénuries de masques connues au début de la crise, cette filiale des Hôpitaux Robert Schuman spécialisée dans les produits et services destinés aux établissements de santé depuis 2001 n’aurait peut-être jamais songé à lancer sa propre production. Elle l’a pourtant réalisé dès fin août 2020 . Elle a acquis plusieurs machines pour un montant de 1,63 million d’euros, pris en charge à hauteur de 83% par des subventions étatiques, et déjà produit plus de 13 millions de pièces, chirurgicales comme FFP2. Si elle reçoit le Prix de l’innovation, c’est pour un produit en particulier: ses masques chirurgicaux agrémentés d’un produit virucide, pour éviter de les contaminer en les touchant, réalisés en collaboration avec l’entreprise Molecular Plasma Group (MPG), fournisseur de la machine. L’entreprise de 55 salariés a enregistré un chiffre d’affaires de 20,49 millions d’euros en 2020.

 

Des qualités pour rebondir

Pour départager les candidats dans la catégorie Solidarité, le jury a examiné la proportion de l’effort par rapport à la taille et l’impact sociétal pour l’écosystème luxembourgeois. Pour la catégorie Résilience, il s’est basé sur la capacité d’adaptation, l’originalité et la pérennité du projet. Ce sont le degré de numérisation, le degré d’impact sur l’expérience client et le degré d’impact sur l’efficience interne qui ont compté pour la catégorie Digitalisation. Pour l’Innovation, les membres du jury ont regardé au degré d’innovation par rapport à l’état de l’art, à l’importance du projet vis-à-vis de la crise sanitaire et à son impact pour le pays.

«Quels que soient les vainqueurs, ils sont représentatifs de toute l’économie luxembourgeoise», a déclaré le ministre de l’Économie,  Franz Fayot (LSAP), au début de la cérémonie. «Les quatre qualités mises à l’honneur aujourd’hui (solidarité, innovation, résilience et digitalisaion, ndlr) doivent être mises en œuvre pour sortir de cette crise et rebondir.»

Et de conclure avec certitude: «Ensemble, nous ferons avancer le monde pour qu’il devienne meilleur qu’il ne l’est pour le moment.»

 

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Tout a commencé par une soirée un peu morne, et une paire de ciseaux. Alors que le Luxembourg découvre le Covid-19, Michel Schuetz, directeur administratif de Hôpitaux Schuman, hésite entre broyer du noir et réagir. La pandémie est là, les équipements de protection s’épuisent et se négocient à prix d’or. Les improbables filières d’approvisionnement compliquent encore plus l’équation. Les trois quarts du matériel médical sont produits en Chine, et les flux traditionnels se sont taris.

Tout a commencé par une soirée un peu morne, et une paire de ciseaux. Alors que le Luxembourg découvre le Covid-19, Michel Schuetz, directeur administratif de Hôpitaux Schuman, hésite entre broyer du noir et réagir. La pandémie est là, les équipements de protection s’épuisent et se négocient à prix d’or. Les improbables filières d’approvisionnement compliquent encore plus l’équation. Les trois quarts du matériel médical sont produits en Chine, et les flux traditionnels se sont taris.

De quoi est fait un masque chirurgical? Trois couches, soigneusement soudées et pliées, une pince nasale et deux élastiques pour les oreilles. Pas de quoi révolutionner l’industrie. C’est justement la faible valeur ajoutée du processus et des travailleurs qui y sont affectés qui a fait délocaliser cette industrie, comme tant d’autres. Quitte à faire ensuite voyager ces produits autour du globe, en avion ou en bateau: bonjour le bilan carbone!

“En industrie, il existe aussi des crises, explique Michel Schuetz. Une crise typique, c’est le manque de matières premières. Ou une grève… Un industriel a donc l’habitude de gérer toutes sortes d’imprévus. Aux Hôpitaux Schuman, où je suis aussi responsable des achats, notre première réaction a été de ‘vider’ tous nos fournisseurs habituels. J’ai acheté tout ce que je pouvais, en gants, en masques, en équipements divers. C’était fin février 2020. En deux jours, on avait précédé la vague et acheté tout ce qu’on pouvait, en direct avec la Chine, avec Cargolux.”

“Je suis allé chercher de l’aide chez Amazon, qui a son siège à côté du nôtre… et possède le meilleur réseau de distribution au monde. Huit personnes ont été mises à notre disposition pour organiser les flux, les passages en douane, toute la logistique. En quatre semaines, nous avions créé une nouvelle chaîne d’approvisionnement qui se fournissait partout dans le monde: Vietnam, Chine… Et Amazon a fait tout cela bénévolement!”

“Mais cela restait insuffisant, vu la difficulté de transporter les marchandises. Tout le transport tournait au ralenti. Les ports n’opéraient plus. On utilisait des charters Amazon quand on pouvait. L’avantage des hôpitaux Schuman, c’est d’être une société privée, à l’inverse de nos concurrents. Cela nous donne beaucoup de souplesse et des chemins de décision très courts. Dans mon conseil d’administration, il n’y a que des industriels, pragmatiques, avec un sens social mais aussi commercial. On a aidé plein de monde, comme cette institution dont les soignants avaient acheté des équipements moto pour se protéger!”

J’ai connu de la piraterie! Notre cargaison était prête à être expédiée, en Chine. Un Américain s’interpose, met cinq fois le prix, et s’empare de nos lots. Des respirateurs m’ont ainsi été dérobés sur un tarmac d’aéroport! L’Allemagne m’a confisqué des camions entiers de matériel parce qu’une loi d’urgence lui permettait de s’approprier tous les dispositifs médicaux.”

Comment s’affranchir, au moins en partie, des aléas de l’étranger, et des prix du transport qui flambent? Derrière ses ciseaux, Michel Schuetz prend sa décision: il fabriquera des masques au Luxembourg. Sur Youtube, il tape “comment produire un masque chirurgical”… et trouve tous les renseignements nécessaires. Sur Google, il tente “où acheter une machine de production de masques” et tombe sur alibaba, le site de vente en ligne chinois. Il découvre que sur ce site, on peut acheter non seulement des machines, mais des usines complètes! Le 2 avril 2020, le conseil d’administration des HRS donne son feu vert, et alloue 300.000 euros au projet mené par sa filiale Santé Services.

Le premier masque sortira de la ligne de production le 15 septembre 2020. Dans l’intervalle, c’est un déploiement incroyable d’énergie, avec son lot de joie et de frustration. “On a acheté une machine en Chine. On l’a fait dédouaner. Elle a pris quatre avions différents pour arriver ici, via les USA. Nous avons loué un local, dans une annexe de l’imprimerie Saint-Paul, à Gasperich. On a équipé le bâtiment d’une salle blanche, recruté du personnel, installé le matériel. Et c’est là qu’on a découvert que les instructions du tableau de commande de la machine étaient en chinois. Heureusement qu’il y a Google translate!”

Le tout n’est pas d’avoir une machine: il faut trouver la matière première. Pour éviter au maximum les difficultés d’approvisionnement, des filières courtes doivent être privilégiées. L’équipe trouve des fournisseurs européens, et travaille sur les prototypes de masque. Vingt-sept modèles sont développés à Luxembourg, et la saga de la certification commence, en Belgique, en France, en Suisse. “C’est un dispositif médical de classe 1. Les exigences sont nombreuses, explique Michel Schuetz. A la lumière des normes, je suis persuadé que 70% des masques que j’ai vus circuler pendant la crise n’étaient pas conformes! On exige beaucoup plus des productions européennes que des importations. Au final, nous avons payé plus cher en tests labo qu’en investissement matériel”. Arnaud Schiltz, responsable de production, sourit en évoquant cette phase compliquée.

Les premiers tests majeurs, filtration (98% des bactéries doivent être bloquées en expiration) et respirabilité, dépendent de la combinaison des matières premières utilisées. “C’est pour arriver au bon équilibre qu’il a fallu multiplier les tests, raconte Michel Schuetz. Nous avons jeté 80.000 euros de matière première qui ne convenait pas”. Vient ensuite la propreté microbienne de l’environnement de travail (sas, vêtements, nettoyage, température du hall de production…). On teste aussi la résistance des élastiques. La conformité de l’emballage est aussi cruciale (normes, pictogrammes, mode d’emploi…). “Je vous défie de trouver une notice d’utilisation dans une boîte chinoise”, dit, amer, Michel Schuetz.

La subvention de l’Etat (200.000 euros) lui permettra d’aller revoir son conseil d’administration, et de repartir pour un tour… avec le lancement d’une ligne de production de masques FFP2, ces protections qui n’étaient pas conçues au départ pour le milieu médical, et qui filtrent dans les deux sens. Cette chaîne de production vaut à Santé Services une nouvelle subvention, qui permettra de lancer un nouveau projet: des masque chirurgicaux avec un virucide. “Grâce à ma mère, j’ai trouvé une société à Foetz (MPG) qui possède une technologie de plasma coating autorisant à greffer n’importe quelle substance sur n’importe quelle surface. L’idée de mettre une composante active sur les masques était née. En 11 mois, nous avons développé un produit unique au monde, certifié comme dispositif médical: on greffe de l’acide citrique sur la couche externe de nos masques, avec du plasma d’azote. Rien de plus naturel que l’acide citrique… Il y en a moins de 10 milligrammes sur un masque. La couche fait l’épaisseur d’une molécule. Elle tue tout. Les labos et le LIST (Luxembourg Institute of Technology) ont validé le système.”

Les études l’indiquent clairement: avec le virucide, le Sars-COV-2 trépasse.

Santé Services a acquis une machine de MPG pour procéder à l’application de cette couche; elle rejoindra les lignes de production de masques dans une nouvelle unité de production, à Foetz, à la mi-octobre. Restera à trouver le modèle économique de cette production spécialisée, qui augmente de quelques centimes le prix unitaire du masque (12% du coût de production).

L’unité de traitement des masques

Michel Schuetz détaille avec une certaine satisfaction les améliorations apportées par l’équipe de Santé Services au masque chirurgical de base: “Tout d’abord, notre soudure: on a mis à l’extérieur les points d’accroche des élastiques, pour éviter d’irriter la peau; il n’existait pas de règle. Pour distinguer l’intérieur de l’extérieur, nous imprimons notre logo commercial “medlogistics” sur la face avant. Pour accrocher le masque sur le nez, nous avons prévu une double barrette de métal, qui épouse mieux sa forme: l’étanchéité ainsi assurée préserve mieux les porteurs de lunettes de la buée. On produit de la qualité! Je peux vous garantir l’origine de la matière, du polyéthylène qui vient d’Allemagne, et ses performances élevées. Il y a des masques où vous bouffez des fibres! Mais pas les nôtres!”

La filtration est faite par la couche du milieu. La couche interne protège le filtrant de la sueur et de la graisse de la peau. La teinte très “bleu national” est venue par hasard de la combinaison du filtre bleu avec les autres couches. “Avec le bleu extérieur, ça donne cette teinte unique qui permet de reconnaître tous les Luxembourgeois”, sourit Michel Schuetz.

“En chiffres: on a créé neuf emplois, on a produit 9 millions de masques depuis le 15 septembre 2020. En Allemagne, 180 nouveaux producteurs se sont déclarés depuis le début de la pandémie de Covid-19… mais 150 d’entre eux sont déjà tombés en faillite. Je peux vous garantir que nous, on va se maintenir, parce que nous avons créé un projet pour le Luxembourg et la Grande Région, pas uniquement pour les Hôpitaux Robert Schuman. Comme notre maison mère est une fondation, nous n’avons pas le stress d’un producteur normal de dégager du profit avec cette activité. Nous ne pouvons pas perdre de l’argent, mais notre but n’est pas non plus de devenir riches. Je regrette quand même que nos prix ne nous mettent pas en mesure de remporter un marché public de l’Etat luxembourgeois, puisque la concurrence asiatique sera toujours moins chère. Ces marchés ne tiennent aucun compte de la nécessité de maintenir ici une production stratégique, ni de l’empreinte environnementale de ce qu’il faut importer d’Asie, par bateau ou par avion! En plus, dans son calcul uniquement basé sur le prix, l’Etat ne considère pas que j’emploie des gens à Luxembourg, que j’y paie un loyer, que j’y paie des taxes, que je fais travailler des prestataires locaux. Mes masques sont 10 centimes plus chers? Mais ces 10 centimes retournent entièrement à l’économie du pays! Aussi longtemps que les règles des soumissions publiques ne changeront pas, ce type de marché ira à des sociétés lointaines, payant de faibles salaires, sans contraintes sociales et environnementales. “

Le masque FFP2, lui, n’est pas un dispositif médical. Il n’était pas utilisé dans les hôpitaux avant la crise. C’est un équipement de protection individuel. On retiendra qu’il ne filtre qu’à 95% (au lieu de 98% pour un masque chirurgical), mais qu’il fonctionne, lui, dans les deux sens (inspiration et expiration) grâce à ses trois couches filtrantes.

Si, pour agréer un masque chirurgical, sept tests étaient nécessaires… il en faut trente pour un FFP2. “La forme, par exemple: pas question que trop d’air s’échappe sur les côtés, alors qu’on est loin d’avoir tous la même tête! C’est très difficile. La différence significative dans le processus de certification, c’est que le producteur ne doit pas simplement établir qu’il est conforme, comme dans le cas des masques chirurgicaux: ici, c’est le labo qui déclare la conformité. On est donc à la merci des laboratoires, au niveau temps et ressources. Il avait fallu six semaines pour les masques chirurgicaux. Six mois ont été nécessaires pour les FFP2. La plus grosse difficulté, dans toute cette aventure, c’est incontestablement le processus de certification. Il y a eu des moments décourageants. Les prix augmentaient du jour au lendemain.”

Le dernier produit de Santé Services, sorti fin septembre, est un masque chirurgical pour enfant, de plus petite taille, produit sur la ligne historique.

“Toute ma vie, j’ai travaillé pour des actionnaires, guidés par le profit. Avoir ici le degré de liberté de créer quelque chose, de qualité, avec un actionnariat qui m’encourageait à le faire, sans arrière-pensée financière, c’était vraiment motivant”, résume Michel Schuetz.

La ligne de production des masques chirurgicaux

La ligne de production des masques FFP2

Crédit photo : Tellitweb pour INGSCI

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LUXEMBOURG – Alors que les demandes de masques FFP2 sont de plus en plus nombreuses, Santé Services va pouvoir lancer sa production mi-février.

Dans les locaux situés juste à côté des imprimeries Saint-Paul, les 9 salariés de Santé Services s’activent à produire des masques chirurgicaux. La structure pourra lancer sa production de masques FFP2 mi-février avec des composants venant de Chine et d’Allemagne. «La dernière étape vient être franchie, tous les tests sont validés», explique Michel Schuetz, directeur de Santé Services S.A, filiale des Hôpitaux Robert Schuman. Le processus était très compliqué avec 19 tests labo à passer.

Six mois après le lancement des tests labo, la machine permettant de produire ces masques est toujours à l’arrêt mais elle pourra démarrer le mois prochain afin de «commercialiser les masques FFP2 au 1er mars», selon le directeur.

«Énormément de demande de la part des soignants»

Dans les locaux, la température ne dépasse pas les 20 degrés et le taux d’humidité reste à 50% pour «préserver l’efficacité du filtrant des masques». Avec une capacité de 60 masques par minute, Michel Schuetz envisage de produire «près de 25 000 FFP2 par jour». Et ils seront distribués dans un premier temps aux hôpitaux. «Il y a énormément de demande de la part des soignants. Rien qu’aux Hôpitaux Robert Schuman, nous en consommons près de 1 500 par jour», confie-t-il.

Mais le directeur ne cache pas son ambition d’en produire pour le grand public. Un masque qui ne dépassera pas les 2 euros. «Je connais les prix d’achat des autres producteurs, il y a beaucoup de gens qui profitent. Puis on fait partie d’un groupe hospitalier, donc notre première mission n’est pas de se faire une marge mais de servir une cause publique, une cause de santé» affirme-t-il. Un masque vendu à petit prix mais dont l’efficacité est grande, puisque le FFP2 filtre à 99,7% contre 99,5% pour le masque chirurgical.

 

Relire l’article dans son intégralité sur LEssentiel.lu

Conçus pour éliminer le SARS-CoV-2, les masques virucides promettent une protection plus efficace et durable que les masques chirurgicaux et grand-public.

 

Depuis le début de la pandémie, les masques sont devenus des “objets du quotidien”. Si ces derniers nous protégeaient jusqu’à présent du risque d’infection par le SARS-CoV-2, permettront-ils bientôt de tuer le virus ? C’est en tout cas ce que promettent les concepteurs de masques virucides.

Plusieurs modèles sont en cours de développement et leur production pourrait être rapidement lancée. D’autres, sont déjà disponibles sur le marché. Que sait-on sur ces différents produits ? Peut-on s’y fier ?

 

Le masque Cidaltex (Bioserenity)

Développé par l’Université de Lille, l’INSERM et le CHU de Lille, le masque Cidaltex vient d’être lancé sur le marché par l’entreprise française Bioserenity. Il serait non seulement efficace contre le SARS-CoV-2, mais aussi ses variants.

Il comporte une couche située à l’intérieur capable de rendre le SARS-CoV-2 inactif. Celle-ci contient une molécule fabriquée à partir d’amidon de maïs, la cyclodextrine, qui permet de “tuer” le virus dans le masque. “Ce tissu enrichi de ce principe actif filtre et élimine les agents pathogènes dans les deux sens”, précise le professeur Bernard Martel, chercheur au CNRS.

Les tests en laboratoire ont révélé une élimination de 99,9% de virus en cinq minutes (99,96% en vingt minutes).

“Cette technique virucide est déclinée en deux types de masques, à usage unique : de type médical (FFP) et de type grand public (chirurgical), précise France Bleu. Les premiers viennent d’être mis sur le marché, les seconds le seront après l’obtention de l’agrément CE, à partir de lundi 22 février.”

Made in France, ils seront disponibles pour le grand public en pharmacies aux prix unitaires de 0,44 euro pour le chirurgical et 1,49 euro pour le modèle FFP.

Le masque DR Technologie

L’entreprise DR Technologie a mis au point un masque durable dont le rôle ne se cantonne pas à une simple couche barrière. Une fonction destructive permettrait d’éliminer le virus et éviterait les contaminations au toucher : lorsque l’on ajuste ou que l’on replace le masque sur le visage avec les mains par exemple.

Il faut savoir que le virus peut rester détectable sur un masque jusqu’à 7 jours. Selon une enquête de l’entreprise, 80% des personnes qui utilisent des masques en tissu réutilisables ne les lavent pas après chaque utilisation. Parmi ces personnes, 8% déclarent ne pas les laver du tout.

Le masque DR Technologie a été breveté par la société suisse Livinguard et possède des propriétés actives qui neutraliseraient systématiquement les bactéries. Composé de 3 couches barrières, il a une action bactéricide qui le rendrait efficace face à la Covid-19, mais aussi contre d’autres maladies (grippe, fièvre jaune, polio…). Il serait en effet capable d’éliminer les virus à 99,9% après contact.

Recyclable, il est composé pour la couche externe de coton à 100%, la couche intermédiaire est en polypropylène à 100% et la couche interne est en 100% coton. Il est en outre réutilisable durant 210 jours et conserve, à cette date, une efficacité de 95%.

Les masques dotés de la Technologie Livinguard sont déjà disponibles à la vente Internet.

Le masque Paul Boyé Technologies

L’entreprise Paul Boyé Technologies de Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne), s’est basée sur des premières recherches faites à la base pour lutter contre les maladies nosocomiales puis, à la demande de l’État, contre la Covid-19, pour développer un masque virucide.

Les premiers tests effectués sont probants. “C’est 100% optimal sur un large spectre de bactéries et notamment pour le coronavirus aussi. On obtient une élimination complète du virus sur les masques”, a affirmé la toxicologue de l’entreprise, Valérie Foropon à France Info le 27 janvier.

Leur durée de vie serait équivalente à celle des masques non traités. Plusieurs tests restent encore à réaliser avant la commercialisation du produit, qui devrait être disponible courant 2021.

Le masque Molecular Plasma Group

La start-up luxembourgeoise Molecular Plasma Group (MPG) a développé un processus pour fabriquer des masques “auto-désinfectants”. Il s’agit d’appliquer un revêtement virucide qui élimine 99.9% des virus sur le tissu en quelques minutes, dixit l’entreprise.

Depuis le mois de mars, MPG a travaillé en partenariat avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). Le produit final, pour lequel une déclaration de conformité CE a déjà été déposée, contient une solution naturelle : l’acide citrique.

Le développement a été fait en collaboration avec les Hôpitaux Robert Schuman au Luxembourg, qui jouissent d’une production locale de masques grâce à leur filiale Santé Services.

Ces masques peuvent être achetés en ligne.

Le masque Baccide

“C’est une vraie innovation de rupture. 99,9% du virus est éliminé à la surface du masque”, a indiqué Nathalie Bodet, responsable marketing chez Cooper, à La Revue Pharma le 20 janvier, à propos du masque proposé par la marque Baccide.

Pour créer ce masque, le laboratoire Cooper s’est associé avec la start-up ProNeem, qui développe des technologies de micro-encapsulation. Ils sont notamment connus pour avoir développé des tissus anti-acariens.

Ce masque en coton est composé de trois couches, la couche externe étant imprégnée d’une solution antivirale au chlorure d’argent micro-encapsulé. “Cette solution va détruire la membrane du virus SARS-CoV-2 lorsqu’il rentre en contact avec le tissu. C’est un masque auto-décontaminant”, a détaillé Nathalie Bodet.

Son efficacité a été testée en laboratoire. Résultat : 99,9% du virus éliminé après 30 minutes, et 97% après seulement 15 minutes. Le masque peut être porté jusqu’à 50 heures et lavé 20 fois. “Il suffirait donc d’utiliser simplement 3 masques par an” a expliqué la responsable marketing.

Les études de toxicité montrent une sécurité d’utilisation dès 6 ans. Le masque est déjà disponible en officine.

Peut-on faire confiance aux masques virucides ?

Interrogé par France Info, Rémy Reuss, responsable en charge des relations avec les organismes de consommateurs à l’Afnor, prévient : “Il faut regarder en détail les documents qui sont associés : notice d’emploi, documents d’information fournis avec le produit, les essais menés selon des normes de référence, normes européennes, normes internationales, normes françaises. Il faut vérifier si des essais ont été effectués dans des laboratoires indépendants du fabricant, de façon à voir si on parle bien d’une efficacité par rapport au virus en cours.”

De son côté, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) précise dans sa FAQ sur les masques de protection que “les masques revendiquant une activité virucide sans qu’elle ait été correctement prouvée, et pour lesquels le traitement biocide n’a pas fait l’objet d’une évaluation des risques qu’il est susceptible de faire courir au porteur, n’apportent pas de plus-value par rapport aux masques non traités comme moyen de lutte contre la transmission de la Covid-19.”

On se souvient notamment de la polémique autour des masques DIM, traités à la zéolithe d’argent et de cuivre, des biocides potentiellement toxiques pour l’humain. Après une série de tests, l’Anses reconnaissait leur dangerosité en octobre 2020.

Enfin, qu’il soit virucide ou non, le port masque ne doit pas pour autant faire abandonner les autres gestes barrières essentiels pour la non-propagation de la Covid-19 : le lavage régulier des mains et la distanciation sociale.

 

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Ëmmer nees stelle verschidde Leit den Zweck an d’Effikassitéit vu Masken an aneren Zorte vun engem Mond- an Nueseschutz a Fro.

RTL huet bei Santé Services vun den Hôpitaux Robert Schuman nogefrot, wéi eng Ënnerscheeder et bei de Stoffer ginn. D’Firma zu Gaasperech produzéiert zënter September 2020 selwer EU-genormte chirurgesch Masken an an Tëschenzäit och FFP2-Masken.

Bei de chirurgesche Maske ginn et 3 Typpen, déi tëscht 95% an 98% filteren. Allerdéngs schützen dës Masken net d’Persoun, déi se unhuet, mee déi aner, well se Viren a Mikroben net no baussen erausléisst. FFP2-Masken dogéint filteren an zwou Richtungen a schützen deemno och d’Persoun, déi esou eng Mask unhuet.

Wat stoffte Masken ugeet, sou géifen och dës sécherlech dofir suergen, dass Mikroben zréckgehale ginn, allerdéngs géif et keng eenheetlech Norm fir sou Maske ginn an dofir wiere se och ganz ënnerschiddlech effikass. Bei just enger Schicht Stoff, wéi zum Beispill bei engem Buff, mierkt een allerdéngs, dass dat net immens dicht ass.

Eng Mask ass awer och just dann eng Hëllef, wann ee se richteg undeet. Hei gëllt et d’Nues an de Kënn komplett ze bedecken an opzepassen, dass néierens Lächer sinn, déi Fuitte kéinten zouloossen.

 

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