So Graphiste pour son esprit de solidarité, Michel Greco pour sa résilience, BDO Luxembourg pour sa digitalisation, Santé Services pour son innovation: voici les quatre lauréats récompensés jeudi lors de la soirée de gala des Paperjam Recovery Awards.

C’est à l’Athénée de Luxembourg, dans le cadre d’une soirée de gala en présence du ministre de l’Économie,  Franz Fayot (LSAP), et de nombreuses autres personnalités, que le jury des Paperjam Recovery Awards a distribué ses récompenses. Composé d’Emmanuel Gay (Resultance), de Laurent Lucius (House of Entrepreneurship), de Nobby Brausch (Spuerkeess) et de Barbara Grau (Luxinnovation), sa présidente, il a effectué son choix parmi  16 nominés – quatre par catégorie – qui avaient été sélectionnés parmi les 52 candidatures reçues .

Et pour cette première édition, les gagnants sont…

So Graphiste, dans la catégorie Solidarité

Il était une fois, un petit caméléon nommé Léon. Puis, «l’histoire s’enchaîne». Tel est le nom que la petite agence de communication (deux personnes à temps plein, une en alternance) a donné à son livre pour enfants. Tout a commencé en plein confinement avec une scène qu’elle a écrite et illustrée, puis publiée sur son compte Facebook. Les internautes ont imaginé la suite, que l’entreprise d’Esch-sur-Alzette a illustrée. Jusqu’à réaliser une histoire complète, éditée en livre pour enfants. Un investissement de 15.000 euros est alors consenti par l’agence, née en 2016 et qui a réalisé 285.043 euros de chiffre d’affaires global en 2020, pour éditer l’histoire. Le bénéfice de 3.078 euros, récoltés via la vente du livre, a été remis à l’association Natur&Ëmwelt en mars 2021. L’entreprise a poursuivi son élan et publié le tome 2, dont les bénéfices seront cette fois remis à l’association SOS Villages d’Enfants Monde. Elle songe désormais à un tome 3.

Michel Greco, dans la catégorie Résilience

Depuis 1987, l’entreprise luxembourgeoise de transport en a vu passer, des crises. La dernière, liée au Covid-19, l’a forcée à se réorganiser. Au lieu de livrer les clients en entreprise, elle a dû mettre en place de nouvelles tournées dans tout le pays, pour se rendre à leur domicile. Elle s’est adaptée à la demande en produits frais en créant son service Fresh. Il a nécessité l’acquisition d’une dizaine de camions frigorifiques et d’une unité réfrigérée pour le stockage, pour un investissement «supérieur à 100.000 euros». Elle a réalisé toutes les livraisons de Letzshop et celles en masques ou en tests antigéniques au ministère de la Santé. Passant à un service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, alors que la société de 300 salariés avait l’habitude de travailler entre 6h et 19h. Elle a embauché une quinzaine de personnes, toujours en poste. Et pour répondre à la demande des clients, la société aux 16 millions d’euros de chiffre d’affaires a mis en place un outil de tracking permettant de suivre son colis. Il a coûté «plusieurs dizaines de milliers d’euros».

BDO Luxembourg, dans la catégorie Digitalisation

Le cabinet d’expertise-comptable et d’audit se devait de poursuivre le service aux clients pendant la crise. La solution: le digital. Des chantiers étaient déjà en cours dans ce domaine, mais le Covid-19 les a accélérés. Du jour au lendemain, les échanges de documents avec les clients se sont faits via sa plateforme de collaboration numérique. Les salariés se sont mis à la signature électronique. BDO a également profité de la crise pour digitaliser certains processus de production au niveau des métiers. Le cabinet a, par exemple, acquis des outils pour la réconciliation automatique des écritures du grand-livre avec les facteurs ou extraits bancaires, ou encore pour l’automatisation des services de TVA. Le budget dédié tourne autour de 2 millions d’euros pour l’entreprise de 500 salariés. Vieille de 71 ans, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 60,2 millions d’euros en 2020. Et travaille encore au déploiement d’une solution de gestion documentaire par laquelle tous les documents entrants seront sauvegardés et classés.

Santé Services, dans la catégorie Innovation

Sans les pénuries de masques connues au début de la crise, cette filiale des Hôpitaux Robert Schuman spécialisée dans les produits et services destinés aux établissements de santé depuis 2001 n’aurait peut-être jamais songé à lancer sa propre production. Elle l’a pourtant réalisé dès fin août 2020 . Elle a acquis plusieurs machines pour un montant de 1,63 million d’euros, pris en charge à hauteur de 83% par des subventions étatiques, et déjà produit plus de 13 millions de pièces, chirurgicales comme FFP2. Si elle reçoit le Prix de l’innovation, c’est pour un produit en particulier: ses masques chirurgicaux agrémentés d’un produit virucide, pour éviter de les contaminer en les touchant, réalisés en collaboration avec l’entreprise Molecular Plasma Group (MPG), fournisseur de la machine. L’entreprise de 55 salariés a enregistré un chiffre d’affaires de 20,49 millions d’euros en 2020.

 

Des qualités pour rebondir

Pour départager les candidats dans la catégorie Solidarité, le jury a examiné la proportion de l’effort par rapport à la taille et l’impact sociétal pour l’écosystème luxembourgeois. Pour la catégorie Résilience, il s’est basé sur la capacité d’adaptation, l’originalité et la pérennité du projet. Ce sont le degré de numérisation, le degré d’impact sur l’expérience client et le degré d’impact sur l’efficience interne qui ont compté pour la catégorie Digitalisation. Pour l’Innovation, les membres du jury ont regardé au degré d’innovation par rapport à l’état de l’art, à l’importance du projet vis-à-vis de la crise sanitaire et à son impact pour le pays.

«Quels que soient les vainqueurs, ils sont représentatifs de toute l’économie luxembourgeoise», a déclaré le ministre de l’Économie,  Franz Fayot (LSAP), au début de la cérémonie. «Les quatre qualités mises à l’honneur aujourd’hui (solidarité, innovation, résilience et digitalisaion, ndlr) doivent être mises en œuvre pour sortir de cette crise et rebondir.»

Et de conclure avec certitude: «Ensemble, nous ferons avancer le monde pour qu’il devienne meilleur qu’il ne l’est pour le moment.»

 

Lire l’article en entier

Tout a commencé par une soirée un peu morne, et une paire de ciseaux. Alors que le Luxembourg découvre le Covid-19, Michel Schuetz, directeur administratif de Hôpitaux Schuman, hésite entre broyer du noir et réagir. La pandémie est là, les équipements de protection s’épuisent et se négocient à prix d’or. Les improbables filières d’approvisionnement compliquent encore plus l’équation. Les trois quarts du matériel médical sont produits en Chine, et les flux traditionnels se sont taris.

Tout a commencé par une soirée un peu morne, et une paire de ciseaux. Alors que le Luxembourg découvre le Covid-19, Michel Schuetz, directeur administratif de Hôpitaux Schuman, hésite entre broyer du noir et réagir. La pandémie est là, les équipements de protection s’épuisent et se négocient à prix d’or. Les improbables filières d’approvisionnement compliquent encore plus l’équation. Les trois quarts du matériel médical sont produits en Chine, et les flux traditionnels se sont taris.

De quoi est fait un masque chirurgical? Trois couches, soigneusement soudées et pliées, une pince nasale et deux élastiques pour les oreilles. Pas de quoi révolutionner l’industrie. C’est justement la faible valeur ajoutée du processus et des travailleurs qui y sont affectés qui a fait délocaliser cette industrie, comme tant d’autres. Quitte à faire ensuite voyager ces produits autour du globe, en avion ou en bateau: bonjour le bilan carbone!

“En industrie, il existe aussi des crises, explique Michel Schuetz. Une crise typique, c’est le manque de matières premières. Ou une grève… Un industriel a donc l’habitude de gérer toutes sortes d’imprévus. Aux Hôpitaux Schuman, où je suis aussi responsable des achats, notre première réaction a été de ‘vider’ tous nos fournisseurs habituels. J’ai acheté tout ce que je pouvais, en gants, en masques, en équipements divers. C’était fin février 2020. En deux jours, on avait précédé la vague et acheté tout ce qu’on pouvait, en direct avec la Chine, avec Cargolux.”

“Je suis allé chercher de l’aide chez Amazon, qui a son siège à côté du nôtre… et possède le meilleur réseau de distribution au monde. Huit personnes ont été mises à notre disposition pour organiser les flux, les passages en douane, toute la logistique. En quatre semaines, nous avions créé une nouvelle chaîne d’approvisionnement qui se fournissait partout dans le monde: Vietnam, Chine… Et Amazon a fait tout cela bénévolement!”

“Mais cela restait insuffisant, vu la difficulté de transporter les marchandises. Tout le transport tournait au ralenti. Les ports n’opéraient plus. On utilisait des charters Amazon quand on pouvait. L’avantage des hôpitaux Schuman, c’est d’être une société privée, à l’inverse de nos concurrents. Cela nous donne beaucoup de souplesse et des chemins de décision très courts. Dans mon conseil d’administration, il n’y a que des industriels, pragmatiques, avec un sens social mais aussi commercial. On a aidé plein de monde, comme cette institution dont les soignants avaient acheté des équipements moto pour se protéger!”

J’ai connu de la piraterie! Notre cargaison était prête à être expédiée, en Chine. Un Américain s’interpose, met cinq fois le prix, et s’empare de nos lots. Des respirateurs m’ont ainsi été dérobés sur un tarmac d’aéroport! L’Allemagne m’a confisqué des camions entiers de matériel parce qu’une loi d’urgence lui permettait de s’approprier tous les dispositifs médicaux.”

Comment s’affranchir, au moins en partie, des aléas de l’étranger, et des prix du transport qui flambent? Derrière ses ciseaux, Michel Schuetz prend sa décision: il fabriquera des masques au Luxembourg. Sur Youtube, il tape “comment produire un masque chirurgical”… et trouve tous les renseignements nécessaires. Sur Google, il tente “où acheter une machine de production de masques” et tombe sur alibaba, le site de vente en ligne chinois. Il découvre que sur ce site, on peut acheter non seulement des machines, mais des usines complètes! Le 2 avril 2020, le conseil d’administration des HRS donne son feu vert, et alloue 300.000 euros au projet mené par sa filiale Santé Services.

Le premier masque sortira de la ligne de production le 15 septembre 2020. Dans l’intervalle, c’est un déploiement incroyable d’énergie, avec son lot de joie et de frustration. “On a acheté une machine en Chine. On l’a fait dédouaner. Elle a pris quatre avions différents pour arriver ici, via les USA. Nous avons loué un local, dans une annexe de l’imprimerie Saint-Paul, à Gasperich. On a équipé le bâtiment d’une salle blanche, recruté du personnel, installé le matériel. Et c’est là qu’on a découvert que les instructions du tableau de commande de la machine étaient en chinois. Heureusement qu’il y a Google translate!”

Le tout n’est pas d’avoir une machine: il faut trouver la matière première. Pour éviter au maximum les difficultés d’approvisionnement, des filières courtes doivent être privilégiées. L’équipe trouve des fournisseurs européens, et travaille sur les prototypes de masque. Vingt-sept modèles sont développés à Luxembourg, et la saga de la certification commence, en Belgique, en France, en Suisse. “C’est un dispositif médical de classe 1. Les exigences sont nombreuses, explique Michel Schuetz. A la lumière des normes, je suis persuadé que 70% des masques que j’ai vus circuler pendant la crise n’étaient pas conformes! On exige beaucoup plus des productions européennes que des importations. Au final, nous avons payé plus cher en tests labo qu’en investissement matériel”. Arnaud Schiltz, responsable de production, sourit en évoquant cette phase compliquée.

Les premiers tests majeurs, filtration (98% des bactéries doivent être bloquées en expiration) et respirabilité, dépendent de la combinaison des matières premières utilisées. “C’est pour arriver au bon équilibre qu’il a fallu multiplier les tests, raconte Michel Schuetz. Nous avons jeté 80.000 euros de matière première qui ne convenait pas”. Vient ensuite la propreté microbienne de l’environnement de travail (sas, vêtements, nettoyage, température du hall de production…). On teste aussi la résistance des élastiques. La conformité de l’emballage est aussi cruciale (normes, pictogrammes, mode d’emploi…). “Je vous défie de trouver une notice d’utilisation dans une boîte chinoise”, dit, amer, Michel Schuetz.

La subvention de l’Etat (200.000 euros) lui permettra d’aller revoir son conseil d’administration, et de repartir pour un tour… avec le lancement d’une ligne de production de masques FFP2, ces protections qui n’étaient pas conçues au départ pour le milieu médical, et qui filtrent dans les deux sens. Cette chaîne de production vaut à Santé Services une nouvelle subvention, qui permettra de lancer un nouveau projet: des masque chirurgicaux avec un virucide. “Grâce à ma mère, j’ai trouvé une société à Foetz (MPG) qui possède une technologie de plasma coating autorisant à greffer n’importe quelle substance sur n’importe quelle surface. L’idée de mettre une composante active sur les masques était née. En 11 mois, nous avons développé un produit unique au monde, certifié comme dispositif médical: on greffe de l’acide citrique sur la couche externe de nos masques, avec du plasma d’azote. Rien de plus naturel que l’acide citrique… Il y en a moins de 10 milligrammes sur un masque. La couche fait l’épaisseur d’une molécule. Elle tue tout. Les labos et le LIST (Luxembourg Institute of Technology) ont validé le système.”

Les études l’indiquent clairement: avec le virucide, le Sars-COV-2 trépasse.

Santé Services a acquis une machine de MPG pour procéder à l’application de cette couche; elle rejoindra les lignes de production de masques dans une nouvelle unité de production, à Foetz, à la mi-octobre. Restera à trouver le modèle économique de cette production spécialisée, qui augmente de quelques centimes le prix unitaire du masque (12% du coût de production).

L’unité de traitement des masques

Michel Schuetz détaille avec une certaine satisfaction les améliorations apportées par l’équipe de Santé Services au masque chirurgical de base: “Tout d’abord, notre soudure: on a mis à l’extérieur les points d’accroche des élastiques, pour éviter d’irriter la peau; il n’existait pas de règle. Pour distinguer l’intérieur de l’extérieur, nous imprimons notre logo commercial “medlogistics” sur la face avant. Pour accrocher le masque sur le nez, nous avons prévu une double barrette de métal, qui épouse mieux sa forme: l’étanchéité ainsi assurée préserve mieux les porteurs de lunettes de la buée. On produit de la qualité! Je peux vous garantir l’origine de la matière, du polyéthylène qui vient d’Allemagne, et ses performances élevées. Il y a des masques où vous bouffez des fibres! Mais pas les nôtres!”

La filtration est faite par la couche du milieu. La couche interne protège le filtrant de la sueur et de la graisse de la peau. La teinte très “bleu national” est venue par hasard de la combinaison du filtre bleu avec les autres couches. “Avec le bleu extérieur, ça donne cette teinte unique qui permet de reconnaître tous les Luxembourgeois”, sourit Michel Schuetz.

“En chiffres: on a créé neuf emplois, on a produit 9 millions de masques depuis le 15 septembre 2020. En Allemagne, 180 nouveaux producteurs se sont déclarés depuis le début de la pandémie de Covid-19… mais 150 d’entre eux sont déjà tombés en faillite. Je peux vous garantir que nous, on va se maintenir, parce que nous avons créé un projet pour le Luxembourg et la Grande Région, pas uniquement pour les Hôpitaux Robert Schuman. Comme notre maison mère est une fondation, nous n’avons pas le stress d’un producteur normal de dégager du profit avec cette activité. Nous ne pouvons pas perdre de l’argent, mais notre but n’est pas non plus de devenir riches. Je regrette quand même que nos prix ne nous mettent pas en mesure de remporter un marché public de l’Etat luxembourgeois, puisque la concurrence asiatique sera toujours moins chère. Ces marchés ne tiennent aucun compte de la nécessité de maintenir ici une production stratégique, ni de l’empreinte environnementale de ce qu’il faut importer d’Asie, par bateau ou par avion! En plus, dans son calcul uniquement basé sur le prix, l’Etat ne considère pas que j’emploie des gens à Luxembourg, que j’y paie un loyer, que j’y paie des taxes, que je fais travailler des prestataires locaux. Mes masques sont 10 centimes plus chers? Mais ces 10 centimes retournent entièrement à l’économie du pays! Aussi longtemps que les règles des soumissions publiques ne changeront pas, ce type de marché ira à des sociétés lointaines, payant de faibles salaires, sans contraintes sociales et environnementales. “

Le masque FFP2, lui, n’est pas un dispositif médical. Il n’était pas utilisé dans les hôpitaux avant la crise. C’est un équipement de protection individuel. On retiendra qu’il ne filtre qu’à 95% (au lieu de 98% pour un masque chirurgical), mais qu’il fonctionne, lui, dans les deux sens (inspiration et expiration) grâce à ses trois couches filtrantes.

Si, pour agréer un masque chirurgical, sept tests étaient nécessaires… il en faut trente pour un FFP2. “La forme, par exemple: pas question que trop d’air s’échappe sur les côtés, alors qu’on est loin d’avoir tous la même tête! C’est très difficile. La différence significative dans le processus de certification, c’est que le producteur ne doit pas simplement établir qu’il est conforme, comme dans le cas des masques chirurgicaux: ici, c’est le labo qui déclare la conformité. On est donc à la merci des laboratoires, au niveau temps et ressources. Il avait fallu six semaines pour les masques chirurgicaux. Six mois ont été nécessaires pour les FFP2. La plus grosse difficulté, dans toute cette aventure, c’est incontestablement le processus de certification. Il y a eu des moments décourageants. Les prix augmentaient du jour au lendemain.”

Le dernier produit de Santé Services, sorti fin septembre, est un masque chirurgical pour enfant, de plus petite taille, produit sur la ligne historique.

“Toute ma vie, j’ai travaillé pour des actionnaires, guidés par le profit. Avoir ici le degré de liberté de créer quelque chose, de qualité, avec un actionnariat qui m’encourageait à le faire, sans arrière-pensée financière, c’était vraiment motivant”, résume Michel Schuetz.

La ligne de production des masques chirurgicaux

La ligne de production des masques FFP2

Crédit photo : Tellitweb pour INGSCI

Lire l’article en entier

We are proud to announce that our new children’s mask boxes are finally available!

We would like to give a special thanks to the children who participated in our drawing contest. The selection phase was not an easy task, as you all showed great talent!

These surgical masks are specially sized to fit children. In addition to a bacterial filtration efficiency of over 98%, they meet the EN14683+AC:2019 standard.

For more information, visit our dedicated page to MedLogistics.