Conçus pour éliminer le SARS-CoV-2, les masques virucides promettent une protection plus efficace et durable que les masques chirurgicaux et grand-public.
Depuis le début de la pandémie, les masques sont devenus des « objets du quotidien ». Si ces derniers nous protégeaient jusqu’à présent du risque d’infection par le SARS-CoV-2, permettront-ils bientôt de tuer le virus ? C’est en tout cas ce que promettent les concepteurs de masques virucides.
Plusieurs modèles sont en cours de développement et leur production pourrait être rapidement lancée. D’autres, sont déjà disponibles sur le marché. Que sait-on sur ces différents produits ? Peut-on s’y fier ?
Le masque Cidaltex (Bioserenity)
Développé par l’Université de Lille, l’INSERM et le CHU de Lille, le masque Cidaltex vient d’être lancé sur le marché par l’entreprise française Bioserenity. Il serait non seulement efficace contre le SARS-CoV-2, mais aussi ses variants.
Il comporte une couche située à l’intérieur capable de rendre le SARS-CoV-2 inactif. Celle-ci contient une molécule fabriquée à partir d’amidon de maïs, la cyclodextrine, qui permet de « tuer » le virus dans le masque. « Ce tissu enrichi de ce principe actif filtre et élimine les agents pathogènes dans les deux sens », précise le professeur Bernard Martel, chercheur au CNRS.
Les tests en laboratoire ont révélé une élimination de 99,9% de virus en cinq minutes (99,96% en vingt minutes).
« Cette technique virucide est déclinée en deux types de masques, à usage unique : de type médical (FFP) et de type grand public (chirurgical), précise France Bleu. Les premiers viennent d’être mis sur le marché, les seconds le seront après l’obtention de l’agrément CE, à partir de lundi 22 février. »
Made in France, ils seront disponibles pour le grand public en pharmacies aux prix unitaires de 0,44 euro pour le chirurgical et 1,49 euro pour le modèle FFP.
Le masque DR Technologie
L’entreprise DR Technologie a mis au point un masque durable dont le rôle ne se cantonne pas à une simple couche barrière. Une fonction destructive permettrait d’éliminer le virus et éviterait les contaminations au toucher : lorsque l’on ajuste ou que l’on replace le masque sur le visage avec les mains par exemple.
Il faut savoir que le virus peut rester détectable sur un masque jusqu’à 7 jours. Selon une enquête de l’entreprise, 80% des personnes qui utilisent des masques en tissu réutilisables ne les lavent pas après chaque utilisation. Parmi ces personnes, 8% déclarent ne pas les laver du tout.
Le masque DR Technologie a été breveté par la société suisse Livinguard et possède des propriétés actives qui neutraliseraient systématiquement les bactéries. Composé de 3 couches barrières, il a une action bactéricide qui le rendrait efficace face à la Covid-19, mais aussi contre d’autres maladies (grippe, fièvre jaune, polio…). Il serait en effet capable d’éliminer les virus à 99,9% après contact.
Recyclable, il est composé pour la couche externe de coton à 100%, la couche intermédiaire est en polypropylène à 100% et la couche interne est en 100% coton. Il est en outre réutilisable durant 210 jours et conserve, à cette date, une efficacité de 95%.
Les masques dotés de la Technologie Livinguard sont déjà disponibles à la vente Internet.
Le masque Paul Boyé Technologies
L’entreprise Paul Boyé Technologies de Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne), s’est basée sur des premières recherches faites à la base pour lutter contre les maladies nosocomiales puis, à la demande de l’État, contre la Covid-19, pour développer un masque virucide.
Les premiers tests effectués sont probants. « C’est 100% optimal sur un large spectre de bactéries et notamment pour le coronavirus aussi. On obtient une élimination complète du virus sur les masques », a affirmé la toxicologue de l’entreprise, Valérie Foropon à France Info le 27 janvier.
Leur durée de vie serait équivalente à celle des masques non traités. Plusieurs tests restent encore à réaliser avant la commercialisation du produit, qui devrait être disponible courant 2021.
Le masque Molecular Plasma Group
La start-up luxembourgeoise Molecular Plasma Group (MPG) a développé un processus pour fabriquer des masques « auto-désinfectants ». Il s’agit d’appliquer un revêtement virucide qui élimine 99.9% des virus sur le tissu en quelques minutes, dixit l’entreprise.
Depuis le mois de mars, MPG a travaillé en partenariat avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). Le produit final, pour lequel une déclaration de conformité CE a déjà été déposée, contient une solution naturelle : l’acide citrique.
Le développement a été fait en collaboration avec les Hôpitaux Robert Schuman au Luxembourg, qui jouissent d’une production locale de masques grâce à leur filiale Santé Services.
Ces masques peuvent être achetés en ligne.
Le masque Baccide
« C’est une vraie innovation de rupture. 99,9% du virus est éliminé à la surface du masque », a indiqué Nathalie Bodet, responsable marketing chez Cooper, à La Revue Pharma le 20 janvier, à propos du masque proposé par la marque Baccide.
Pour créer ce masque, le laboratoire Cooper s’est associé avec la start-up ProNeem, qui développe des technologies de micro-encapsulation. Ils sont notamment connus pour avoir développé des tissus anti-acariens.
Ce masque en coton est composé de trois couches, la couche externe étant imprégnée d’une solution antivirale au chlorure d’argent micro-encapsulé. « Cette solution va détruire la membrane du virus SARS-CoV-2 lorsqu’il rentre en contact avec le tissu. C’est un masque auto-décontaminant », a détaillé Nathalie Bodet.
Son efficacité a été testée en laboratoire. Résultat : 99,9% du virus éliminé après 30 minutes, et 97% après seulement 15 minutes. Le masque peut être porté jusqu’à 50 heures et lavé 20 fois. « Il suffirait donc d’utiliser simplement 3 masques par an » a expliqué la responsable marketing.
Les études de toxicité montrent une sécurité d’utilisation dès 6 ans. Le masque est déjà disponible en officine.
Peut-on faire confiance aux masques virucides ?
Interrogé par France Info, Rémy Reuss, responsable en charge des relations avec les organismes de consommateurs à l’Afnor, prévient : « Il faut regarder en détail les documents qui sont associés : notice d’emploi, documents d’information fournis avec le produit, les essais menés selon des normes de référence, normes européennes, normes internationales, normes françaises. Il faut vérifier si des essais ont été effectués dans des laboratoires indépendants du fabricant, de façon à voir si on parle bien d’une efficacité par rapport au virus en cours. »
De son côté, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) précise dans sa FAQ sur les masques de protection que « les masques revendiquant une activité virucide sans qu’elle ait été correctement prouvée, et pour lesquels le traitement biocide n’a pas fait l’objet d’une évaluation des risques qu’il est susceptible de faire courir au porteur, n’apportent pas de plus-value par rapport aux masques non traités comme moyen de lutte contre la transmission de la Covid-19. »
On se souvient notamment de la polémique autour des masques DIM, traités à la zéolithe d’argent et de cuivre, des biocides potentiellement toxiques pour l’humain. Après une série de tests, l’Anses reconnaissait leur dangerosité en octobre 2020.
Enfin, qu’il soit virucide ou non, le port masque ne doit pas pour autant faire abandonner les autres gestes barrières essentiels pour la non-propagation de la Covid-19 : le lavage régulier des mains et la distanciation sociale.